Françis, je vous remercie pour votre réponse 31 en effet “l’expérience” être, joie et lumière est bien en dehors du temps et je dirais que “quelque chose” voit cela. Il y a aussi cette experience de “quelque chose” qui agit à travers moi, quelque chose qui est aussi hors du temps et quelle que soit l’expérience je dirais que quelque chose voit cela mais je n’arrive pas à croire que ce quelque chose qui voit cela est" moi" car d’une part je me refuse à croire à quoique cela soit et d’autre part je me méfie beaucoup de ces expériences: la perception peut fort bien nous tromper et le cerveau aussi par consequent. Il parait que certains scientifiques obtiennent ce type d’expériences en touchant certaines zones du cerveau.Pour ce qui est du souvenir de l’apparition de la conscience dans mon organisme corps-mental j’en tire pour le moment la conclusion que le monde et moi sommes inséparables et que sans “moi” pour en prendre conscience le monde n’existe pas. Je ne sais pas si celà correspond à ce que disait Krishnamurti: je suis le monde et le monde est moi mais d’une certaine façon c’est vrai.Ceci dit ç’est bien l’objet de l’advaita-védanta de se poser des questions à partir d’expériences concrètes aussi bizarres soient-elles La vie est plus fluide quand je “me” laisse au vestiaire. Pensez-vous vraiment que je dois faire un effort pour aller dans une direction quelconque? Muriel
Vous allez faire des efforts, Muriel. Vous ne pouvez pas ne pas en faire tant que vous n’aurez pas obtenu la satisfaction que vous recherchez. Vous ne pouvez pas ne pas avancer, car la vie avance autour de vous, que vous le vouliez ou non. La seule question est: dans quelle direction allez-vous aller? Allez-vous suivre la pente habituelle de vos systèmes de pensée, hérités de vos parents et de la société, ceux-là même qui se sont avérés impropres à vous apporter ce que vous recherchez? Ou allez-vous continuer dans la direction nouvelle qui s’est ouverte à vous, celle que vous explorez par exemple en posant ces questions et en lisant mes réponses? Je vous répond: ne faites pas d’effort. Allez où bon vous semble, où votre intérêt pour la vérité vous pousse. C’est la voie la plus facile et la plus courte. Mais ne croyez pas que vous perdez votre temps quand vous cherchez la vérité. N’abandonnez pas votre recherche, abandonnez-vous à elle jusqu’au jour où vous vous abandonnerez en elle et vous y perdrez. Vous y perdant, vous vous y trouverez, libre et guérie de la brûlure du devenir.
Venons-en au début de votre message. Vous dites “quelle que soit l’expérience quelque chose voit cela mais je n’arrive pas à croire que ce quelque chose qui voit cela est moi”. Réfléchissons aux implications de ce que vous dites: si “quelque chose” perçoit cela et si ce “quelque chose” n’est pas vous, voulez-vous dire que vous ne percevez pas vos propres perceptions, mais qu’une autre entité les percoit à votre place? Ou alors voulez-vous dire qu’elles sont perçues à la fois par vous et par une autre entité qui vous habite? Et, dans ce cas, cette autre entité, la percevez-vous? Décrivez-la moi… Voyez-vous à quel point ces deux positions sont intenables? N’est-il pas plus simple et plus conforme à votre expérience de dire “quelle que soit la chose perçue quelque chose la voit et ce quelque chose qui la voit est moi”? Et ce quelque chose qui voit, cette conscience, n’est-elle pas une expérience, la plus directe, la plus ordinaire, mais à la fois aussi la plus extraordinaire de toutes vos expériences?
Enfin, vous errez lorsque vous dites “ç’est bien la base de l’Advaita-Védanta de se poser des questions à partir d’expériences concrètes aussi bizarres soient-elles”. Les expériences bizarres intéressent les scientifiques qui sont toujours à l’affût d’un phénomène nouveau qui viendrait violer les lois de la Physique, car l’étude d’un tel phénomène pourrait déboucher sur une extension de notre connaissance des lois naturelles. Elles intéressent également les amateurs de surnaturel qui s’en délectent. Par contre les Advaitins ne s’en soucient guère, car ce qui les intéresse, c’est la source des phénomènes ordinaires, leur réalité, le fait, selon le mot du philosophe, “qu’il y ait quelque chose plutôt que rien”.
Cela étant, laissez le “moi” au vestiaire autant que fair se peut. Et si d’aventure vous vous rendez compte qu’il en est resté un lambeau accroché à vos épaules voyez qu’il ne s’agit que du vestige d’un vieux vêtement que vous portiez autrefois et auquel vous étiez attachée. Cela le remettra au vestiaire.
Bien amicalement,
Francis
Index