Quel est le contenant des souvenirs? Ce ne peut pas être le corps, car il paraît évident que le contenant des souvenirs doit rester cohérent entre les incarnations. Il y a des hypothèses qui suggèrent que des corps non physiques pourraient servir de tels contenants - des « esprits », pour faire court.
La réelle question est « quel est le contenant de tous les contenants? ». L’investigation de ceci ou cela appartient au royaume de la science. A ce niveau, la question « qu’est-ce que c’est? » n’obtient jamais de réponse, la science pouvant répondre seulement sur le « comment ». La question « quoi? », la question à propos de la réalité d’un phénomène ne peut pas trouver de réponse au niveau phénoménologique.
Le réel contenant des souvenirs doit être l’endroit où ils apparaissent, où ils se déploient, où ils disparaissent. Nous connaissons ce lieu, nous l’appelons la conscience, ou « je ». Nous croyons faussement que les choses en général, et les souvenirs dans ce cas particulier, continuent à exister sous la même forme avant le début et après la fin de notre perception.
Où est l’évidence qui soutient cette croyance? Nous avons tendance à prêter une sorte de cohérence ou de consistance entre deux perceptions à un objet dont l’existence aurait continué dans la période intermédiaire d’absence de perceptions, oubliant qu’un tel objet ne saurait être expérimenté par définition, et que notre hypothèse restera à jamais impossible à vérifier. Cette cohérence peut en revanche être attribuée à une Réalité qui n’est pas limité à un phénomène, une réalité qui peut et doit être la réalité à la fois du monde extérieur et de notre expérience subjective des pensées et des perceptions. D’ailleurs, cette Réalité n’est pas une assertion mais une expérience, l’expérience directe dont nous déduisons la certitude qu’il y a existence, qu’il y a quelque chose plutôt que rien, qu’il y a conscience.
C’est cette réalité qui crée dynamiquement, soutient et annihile toutes choses, y compris les souvenirs, d’instant en instant.
De la même manière que cette Réalité crée l’apparence que les objets physiques ont continué leur existence entre les perceptions, elle peut créer l’apparence qu’ « une sorte de contenant des souvenirs persiste entre les incarnations ». Elle peut également créer l’apparence de corps non physiques perçus comme des pensées. En fait, dans son absolue liberté, elle peut se manifester comme elle le souhaite.
Traduit de l’anglais par Stéphane Badach
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