Cher Francis,
L’expérience est que « ce qui apparaît ici » est uniquement un lieu approximatif pour ce « je » que j’ai l’habitude d’appeler « moi ». Ce « je » existe dans un espace qui semble à la fois vide et plein - je ne peux pas me trouver. Pouvez-vous vous exprimer sur cette dichotomie vide/plein?
Cette perte me semble bienvenue car cette expérience de vulnérabilité met en lumière certaines caractéristiques de ma personnalité restante. Cette vulnérabilité est étrange par moment. Je me sens comme ces personnages de dessins animés qui courent au-delà du bord d’une falaise et qui continuent à courir dans l’air en dépit du fait qu’il n’y a plus de sol sous eux pour les soutenir… Je me demande si ce sentiment de perte d’un « moi » est la manifestation d’une vie plus heureuse et équilibrée? Je suppose que cela va continuer à se développer…. une indication de votre part à ce sujet?
Bien chaleureusement,
Michaël
Cher Michaël,
Que vous le décriviez comme un vaste espace, un plein ou un vide, vous surimposez toujours des qualités objectives à ce qui n’est pas un objet. Le gourou peut utiliser pour ses exemples de tels qualificatifs ou métaphores dans son enseignement, mais ils ne sont jamais définitifs. Leur but est de retirer les surimpositions préexistantes, le mot « plénitude » pouvant être utilisé, par exemple, pour retirer l’objectivation que font les disciples par le mot « vide ». Il est donc normal que vous rencontriez de pareilles dichotomies lorsque vous tentez d’expliquer pour vous ou pour les autres la réalité de votre expérience.
Comment pouvez-vous dire que vous avez perdu votre « moi », puisque votre « moi » est présent en ce moment même, conscient de ces mots que vous lisez? Si vous êtes en train de dire qu’il y a deux « moi », le « je » qui perçoit et le « moi » qui est habituellement perçu et qui a été perdu, vous êtes à l’évidence le premier, puisque le second a disparu et que par conséquent il n’est plus un candidat valide pour être « vous ».
Le problème est qu’il y a à tout moment bien d’autres candidats pour être vous (tous les objets perçus). Ce qui serait intéressant, ce n’est pas de perdre votre « moi », mais de le trouver d’une manière qui invalide tous les autres candidats potentiels, et l’ayant trouvé, s’établir fermement en lui, dans sa connaissance, son amour, et dans la perception de ce qu’il est sous toutes les formes, grossières ou subtiles. Il n’y a que dans la découverte de votre vrai Soi et dans l’établissement en Lui que vous pourrez trouver la paix et le bonheur que vous cherchez, et non dans la perte d’une de vos fausses identités.
Bien amicalement,
Francis
Traduit de l’anglais par Stéphane Badach
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