Cher Francis,
Nous savons que la compréhension intellectuelle de notre nature essentielle est la première étape vers la Réalisation de Soi, ou Libération, qui inclue nécessairement « l’assimilation » pleine et totale de cette compréhension.
Dans mon expérience, certaines des habitudes intégrées créées par notre conditionnement au cours de notre vie (ou au cours des vies passées si l’on adhère aux concepts hindous) ont déjà dépassé le simple statut de « tendances mentales » et se sont imprimées dans notre système nerveux (ou dans notre mémoire cellulaire), et pourraient brouiller ou ralentir le processus d’assimilation de la compréhension (s’agissant de gens normaux, et non de cas cliniques de névrose, schizophrénie, etc.).
Il se pourrait que le simple fait de « savoir » intellectuellement que « je ne suis pas le corps » n’ait pas la force suffisante dans la plupart des cas pour dissoudre ces obstacles physiques au processus d’assimilation.
Travaillez-vous sur le corps matériel en parallèle avec la compréhension intellectuelle?
Si oui, comment?
Merci par avance,
Mouna.
Cher Mouna,
La réponse au n°1 est oui.
Pour la réponse au n°2 :
Voici ce que je vous suggère : soyez conscient - conscient dans tous ses détails - de la véritable expérience de votre corps. Elle est faite de sensations corporelles flottant dans l’espace de votre conscience. Offrez ces sensations à la présence, à cet espace dans lequel elles apparaissent. N’interférez pas en essayant de les supprimer, de les préserver ou de les transformer. Commencez cette pratique lors des moments de disponibilité, par exemple ceux réservés au yoga ou à la méditation. Prenez la posture assise la plus confortable possible, puis ajoutez graduellement des postures ou autres exercices extraits de la panoplie du Hatha Yoga, toujours traitant votre corps avec sollicitude, ne lui infligeant ni douleur ni inconfort. Incorporez ensuite progressivement cette conscience et ce lâcher-prise de votre corps à d’autres situations de votre vie : étant assis à votre poste de travail, ou chez le dentiste, etc.…
Lorsque la douce préoccupation du soi s’élève dans vos pensées, ne l’évitez pas. Accueillez-la. Laissez-les vous guider par elle vers la présence consciente à laquelle elle se réfère, vers ce qui, en vous, perçoit et comprend. Ces pensées sont nettement distinctes des pensées liées à l’ignorance, à la peur et au désir. Ces dernières font toujours référence à un « moi » séparé. Si de telles pensées apparaissent, étudiez la nature de ce « moi », et déterminez s’il est séparé ou non.
Lorsqu’apparaissent les perceptions sensorielles externes à travers lesquelles le monde physique se manifeste, voyez qu’elles pointent, elles aussi vers la présence au sein de laquelle elles apparaissent. Procédez avec celles-ci de la même manière que vous le fîtes pour vos sensations corporelles, offrez-les à cette présence, à la conscience pure.
L’Internet est toutefois un moyen peu adéquat en ce domaine. La présence physique d’un instructeur est dans la plupart des cas indispensable pour la transmission de l’expérience de notre nature non-duelle.
Bien amicalement,
Francis
Traduit de l’anglais par Stéphane Badach et Francis Lucille
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