Dans la réponse à la question 43 « Est-il vrai qu’il n’y a rien que l’on puisse faire pour s’éveiller? » vous avez répondu : « L’assertion 3 est exacte si le “vous” dont il est question est le faux “vous”, fausse s’il est le vrai. Comment le faux “vous” pourrait-il rechercher sa fin? Comment pourrait-il, en réalité, faire quoique ce soit, puisqu’il n’est pas le véritable acteur? Ce qui en nous recherche la Vérité est le vrai Soi et tout ce qu’il entreprend est efficace. Les enseignants qui soutiennent l‘assertion 3 nous disent en fait “mon enseignement ne sert à rien” et ils ont raison sur ce point ».
Je comprends ce que vous dites, mais cela ne répond pas à la question concernant ce qui peut être fait (à part aller au cinéma) pour progresser dans la compréhension. Pouvez-vous expliquer ce qui peut être fait? De même, il serait merveilleux d’être en présence de mon gourou, comme vous l’avez suggéré, et j’ai bien compris que la transmission ne pouvait avoir lieu par ce moyen, mais comment faire s’il/elle n’est pas encore apparu(e) dans ma vie? Je fais de temps à autres l’expérience de la paix que procure l’arrêt de la pensée, mais la plupart du temps je suis en proie à la souffrance et ne sais pas comment retrouver cette tranquillité. Ai-je le choix? Que puis-je faire sinon attendre?
Chère Pam,
Lorsque vous êtes effectivement dans la paix et la béatitude, il est vrai qu’il n’y a alors rien à faire. Mais regardons les choses en face : si vous souffrez, c’est parce que vous êtes dans l’ignorance, quelque révélateurs et apaisants que soient ces moments fugitifs de clarté que vous ne savez comment retrouver.
Dans cette ignorance, vous croyez être un individu, le penseur de vos pensées et l’auteur de vos actes. Dans le droit fil de cette croyance, vous pouvez et devriez essayer de penser et d’agir de manière juste : mener l’investigation sur le Soi, méditer, rechercher la Vérité par tous les moyens à votre disposition.
Imaginez un détective qui ne voudrait pas enquêter sur un cas difficile, ou qui restreindrait de manière drastique le champ de ses investigations, en négligeant par exemple d’interroger les témoins parce qu’ils pourraient ne pas être fiables, ou de lire un rapport médico-légal parce qu’il le trouve trop intellectuel. Quelles seraient ses chances de résoudre l’affaire?
Beaucoup de chercheurs en proie à l’ignorance se comportent comme ce détective : soit ils interrompent la recherche parce qu’ils ont entendu dire qu’ils ne sont pas l’auteur véritable de leurs actes, bien qu’en fait ils croient encore être un individu capable d’action - croyance qui est à la racine de leur souffrance ; soit ils évitent de rechercher un maître par peur qu’il ne les dévoie ; ou encore renoncent-ils à l’usage de la raison en vue de leur libération parce qu’ils restent attachés à l’idée fausse selon laquelle la pensée serait l’ennemie de la Vérité.
Que peut-on faire sinon attendre? Tout ce qui nous paraît possible. Enquêter, méditer, rechercher le soutien et la compagnie d’un enseignant qui parle à notre cœur et à notre intelligence. Faire de notre recherche de la Vérité la priorité essentielle de notre vie. Conduire cette recherche partout et sans relâche. Essayer de vivre en accord avec cette Vérité, de vivre dans la beauté : rechercher dans nos amis la beauté intérieure, s’entourer de belles choses, lire de beaux livres, écouter de la belle musique. Prendre notre sens du bonheur comme guide. Être attentif au bonheur d’autrui comme au nôtre propre…
Vous me demandez que faire, alors que je vois tellement de choses à faire que je ne sais par laquelle commencer. Quand vous aimez, vous ne comptez pas ; vous achetez un billet pour le premier avion en partance vers votre bien-aimé, quel qu’en soit le prix. Tombez amoureuse.
Bien amicalement,
Francis
Traduit de l’anglais par Stéphane Badach et Francis Lucille
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