J’ai été sur la « voie spirituelle » la plus grande part de ma vie d’adulte et plus sérieusement depuis environ dix ans. Une bonne amie à moi, Mary Scott (qui a publié « The Kundalini Concept ») m’a fait lire quelques livres de J. Krishnamurti et Maurice Nicoll. Maurice Nicoll m’a mené à Ramana Maharshi. J’ai découverts alors Joël Goldsmith et Eckhart Tolle, dont les oeuvres m’ont conduit à des sites Internet sur la non-dualité.
Tous ces auteurs et enseignants paraissaient me pousser plus loin. La non-dualité a résonné au plus profond de moi-même et m’a paru correspondre à ce que je recherchais, bien que j’aie toujours été consciente du fait que j’étais menée et que je ne devais pas me préoccuper d’un achèvement. Cela a été un long chemin solitaire, non dans l’isolement car le Soi a toujours été mon compagnon, mais dans le manque de la présence physique d’un enseignant.
Cependant, me trouvant à présent au seuil de l’éternité (je réalise qu’il n’est pas possible d’y entrer ni dans sortir puisque nous sommes déjà en Elle) et sachant intellectuellement que je suis cette Conscience sans limite, j’ai été soudainement et brutalement assaillie par des sentiments extrêmement négatifs, qu’il m’est très difficile de laisser apparaître sans être envahie par eux. Je sais que je ne devrais pas me fustiger pour ces sentiments, mais l’ignorance me plonge dans la dépression, me renvoyant à mes insuffisances.
Est-ce une étape normale du « processus » du retour à Soi?
Cher Lucia,
La dépression serait plutôt une étape normale du processus d’éloignement du Soi. Lorsqu’il devient clair que tout, y compris « nos » décisions et « nos » erreurs, est le jeu de l’Absolu, les reproches, les regrets ou la peur se trouvent dénués de fondement.
Au fur et à mesure que vous vous établissez de plus en plus fermement dans cette expérience, les symptômes liés à l’identification erronée au corps disparaissent. N’essayez pas de contrôler les sentiments négatifs. Laissez-les se déployer, vous êtes l’espace ouvert dans lequel ils apparaissent.
Nous devons tôt ou tard faire face à la peur. Cherchez dès que possible à la comprendre, elle qui a été votre principal problème pendant toutes ces années. Accueillez-là, laissez la vous amener à sa source, l’image d’un « je » séparé cherchant désespérément une impossible éternité.
Il ne s’agit pas de vous focaliser sur cette peur ; ne l’invitez pas sauf si elle se présente. Contentez-vous alors de l’accueillir. Le reste du temps, laissez la se morfondre dans sa cellule solitaire. Ne lui rendez pas visite. Jouissez de votre paix et de votre liberté. Saisissez toutes les occasions de célébrer votre Présence éternelle. Voyez que la pensée qui la pense et la recherche qui la cherche font déjà partie de sa célébration. Vivez dans son parfum.
Bien amicalement,
Francis
Traduit de l’anglais par Stéphane Badach et Francis Lucille
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